Les seigneurs de la guerre by Gérard Klein

Les seigneurs de la guerre by Gérard Klein

Auteur:Gérard Klein [Klein, Gérard]
La langue: fra
Format: epub
Tags: SF
Éditeur: Robert Laffont
Publié: 1970-12-15T00:00:00+00:00


24

Corson fut éveillé avec douceur par un Urien de basse caste à la houppe écrêtée.

— Vous devez vous préparer à la cérémonie, mon homme Corson, dit l’indigène.

Il conduisit Corson dans une salle d’eau dont les équipements n’avaient pas été conçus pour un humain. L’eau avait une abominable odeur de chlore et Corson en usa avec parcimonie. Il put tout de même se laver et se raser. Puis l’Urien lui fit revêtir une tunique jaune semblable à celle qu’il portait lui-même. Bien qu’elle eût visiblement été préparée pour Corson, les manches en étaient un peu courtes et la traîne exagérée. Une connaissance approfondie de l’anatomie humaine avait fait défaut au tailleur.

L’Urien emmena Corson dans un office où il put se restaurer. Les métabolismes des humains et des Uriens étaient si différents que la nourriture des uns était du poison pour les autres, et Corson éprouva d’abord de la méfiance à l’endroit de ce qu’on lui présentait. Mais l’oiseau géant le rassura.

— C’est une présentation de l’Œuf, mon homme Corson, dit-il d’un ton solennel à Corson qui s’était enquis de la cérémonie.

— De quel œuf ? demanda abruptement Corson, la bouche pleine.

Il crut que l’Urien allait se trouver mal. Des pépiements s’échappèrent de son bec, que Corson interpréta comme des jurons ou encore comme des formules rituelles.

— Le très vénérable Œuf bleu du Prince, articula enfin l’Urien qui paraissait avoir la bouche pleine de majuscules.

— Je vois, dit Corson, surpris.

— Aucun humain n’a jamais assisté à une présentation de l’Œuf. C’est une très grande chance que vous avez et un très grand honneur que vous fait le Prince R’nda.

Corson acquiesça.

— J’en suis persuadé.

— Il est temps d’aller, maintenant, dit l’Urien.

Ils gagnèrent une grande salle elliptique, dépourvue d’ouvertures. Depuis qu’il était tombé aux mains des Uriens, Corson n’avait pas entrevu une seule baie, une seule ouverture donnant sur l’extérieur. La base secrète devait être profondément enterrée.

Une centaine d’Uriens se pressaient dans la salle et observaient un silence respectueux. La foule s’ouvrit devant Corson et son guide qui se retrouvèrent au premier rang. Les assistants portaient des tuniques de différentes couleurs et s’étaient regroupés selon les teintes. Corson et l’Urien de basse caste étaient les seuls à porter des tuniques jaunes dans le groupe des premiers rangs qui étaient vêtus uniformément de violet, tirant sur le bleu. Corson entendait caqueter autour de lui et il en déduisit sans effort que ses voisins étaient de haute noblesse pour se permettre une telle incorrection. Il tourna la tête et regarda vers le fond de la salle. Derrière les violets, des rouges attendaient sagement, et derrière eux encore, des oranges. Tout au fond, des tuniques jaunes baissaient la tête.

Devant lui, presque à la pointe de l’ellipse que dessinaient les parois de la salle, se dressait un bloc de métal. Une table, un coffre, un autel. Un frisson lui parcourut l’échine.

J’espère n’être pas destiné au sacrifice, pensa-t-il, plaisantant à demi. Je préférerais ne pas jouer le rôle de la jeune vierge dans les romans historiques. Pour ce qu’il en savait, il n’avait rien de tel à redouter.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.